Messages : 43 Date d'inscription : 14/04/2016 Age : 28 Localisation : Bordeaux
Princesse | Sujet: Confidence d'une Princesse Mar 21 Juin - 1:06 | |
| Confidence d'une Princesse C'était la première fois qu'elle tuait autrement que pour se nourrir. Elle avait pointé sa flèche en direction d'un être vivant, d'une personne dotée d'une conscience et avait tiré. Il n'y avait eu aucune hésitation, juste une calme acceptation de la réalité. Yang Kum-Ji avait été un homme monstrueux qu'il avait fallu assassiner. Et Yona avait simplement tiré une unique flèche pour mettre fin au calvaire de toute une ville.
Probablement qu'il avait une femme. Peut-être même des enfants. Des personnes qui attendaient son retour. Mais après responsable de la mort de tant d'hommes, tant de femmes, tant d'enfants … il ne méritait pas de vivre plus longtemps. Encore endolorie là où elle avait été frappée, là où son corps avait heurté trop brutalement le bois du bâteau, la Princesse pleurnicharde de Kokâ avait assassiné un homme de sang froid.
Ah comme son père devait être profondément malheureux là où il était. Comme sa mère devait la juger, elle qui lui avait sans cesse répêté qu'elle devait être belle, gentille, digne du future Reine. Il fallait qu'elle soit forte néanmoins. Parce qu'elle devait vivre sans être un poids, sans devoir être constamment protégée. Yona ne voulait pas être une charge.
Alors elle avait sourit. Comme les autres habitants d'Awa, elle avait fêté la libération de la ville portuaire du joug du monstre sans cœur. Elle avait rit, dansé, goûté leurs plats jusqu'à ce que ses jambes ne la portent plus. Endormie, épuisée, son corps refusant de faire plus. Et elle les avait sentit même dans son sommeil : ses mains meurties, ses bras enkylosés, ses jambes lourdes … son corps qui était arrivé au terme de là où il pouvait aller. Si peu … encore si faible.
Le lendemain, elle avait fait mine de rien mais son sommeil avait été horrible. Les cauchemars virulents, la voix de Kum-Ji et ses mains qui attrapaient ses amis pour les réduire à l'état de rien … et quand elle pensait que les visions allaient la réveiller afin que son esprit ne sombre pas complétement, il la retenait, son image d'homme barbu se déformant pour créer un être encore plus diabolique.
Ses yeux devaient sans doute être cernés d'un noir aussi profond que les cheveux de Hak. Elle avait sentit son regard sur lui mais pour une fois, il s'était abstint de faire un commentaire. Yona avait apprécié, elle n'avait pas la force de répliquer à son habitude ou même de trouver une excuse potable. La journée s'était étirée, encore et encore, longue comme sa nuit. Sans jamais donner l'impression d'avoir une fin.
Elle avait tué un homme. C'était là sa nouvelle réalité. Sa nouvelle « elle ». Pour protéger, elle avait ôté la vie. Comment imaginer qu'il y en aurait d'autre ? Cétait une boule dans son ventre, un nœud de sentiments qu'elle n'arrivait pas à défaire. Etait-ce donc cela qu'on ressentait à chaque fois ? Ou au contraire, tuait-on plus « facilement » plus le temps passait ? Un geste mécanique ou emplit de remord, regret et autres douleurs au cœur ? Parce qu'en prenant une vie, on prenait un être cher à une famille.
Yona avait été mise devant la cruelle réalité de cette perte incroyablement douloureuse deux fois. Même petite, la mort de sa mère avait laissé un grand vide, une perte féminine, un modèle à suivre qui venait de disparaître. Et avec la mort du Roi Il, c'était tout le reste qui s'effondrait. Soo-Won avait-il ressentit cela également à la disparition de son père ? Avait-il tout programmé depuis ou était-ce un coup du hasard, comme Yona et Yang Kum-Ji ? Elle ne voulait pas savoir.
Pourtant, il fallait continuer à vivre. Porter son père sur une épaule et Kum-Ji sur l'autre. Un être qu'on lui avait volé de force et un être qu'elle avait emmené de force. Ils avaient façonné la nouvelle Yona, celle qui était bien décidé à tout faire pour son pays. Même sans belle robe, elle allait avancer chaque jour avec la tête haute digne d'une Princesse. Jusqu'à affronter son cousin.
Elle serra l'ornement contre elle. Une promesse silencieuse de ne plus hésiter sur sa décision le moment venu.
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